14 janvier 1954.
Marilyn Monroe se marie avec le joueur de base-ball Joe DiMaggio après deux ans de liaison.
Octobre 1954.
Marilyn et Joe divorcent.
Février 1961.
Joe réapparaît dans la vie de Marilyn jusqu’à sa mort.
8 août 1962.
Funérailles de Marilyn, Joe est effondré.
Joe DiMaggio est souvent perçu comme l’Homme de la vie de Marilyn. Et force est de constater qu’avec les décennies, ses fans sont de plus en plus nombreux.
Pourquoi ? Parce qu’après leur divorce, ils ont continué à se fréquenter.
Mais surtout parce qu’il est revenu dans la vie de Marilyn en 1961 alors qu’elle était au plus mal.
De plus, une rumeur de remariage, supposé se passer en août 1962, reste très tenace. Ce serait la preuve de leur grand amour.
Enfin, il fleurit la tombe de Marilyn durant 20 ans, tel un amoureux éperdu.
Pourtant, moi, je ne le vois pas de cet oeil.
Sachez que je ne doute absolument pas de son amour pour Marilyn. Cependant, il a voulu faire de Marilyn sa jolie poupée, toute dévouée à sa personne.
Joe est un pur produit de son époque : macho, misogyne et tout ce qui va avec. Rajoutez, le côté italien, et vous aurez un véritable cliché ambulant.
Pour lui, une épouse c’est à la maison, dans la cuisine. L’opposé de Marilyn, femme indépendante qui s’est faite toute seule. Sa carrière est tout ce qu’elle a.
Quand ils se rencontrent fin 1951, elle est à l’orée d’être star. Elle ne va certainement pas se laisser embrigader par un homme à cet instant ! D’ailleurs les rumeurs de mariage (déjà) sont balayées par l’agent de Marilyn.
Ici en janvier 1952 avec Joe sur le tournage de « Monkey Business ».
Et puis… comme tous les hommes de son époque, Joe est un bel hypocrite.
Qu’on se le dise, Joe a craqué sur Marilyn via une photo style pin-up ! Il est tombée sous le charme d’une image sexy. Et, en se remettant à ce début des années 50, je pense sincèrement qu’il a dû être très insistant auprès de Marilyn. Comme c’était un joueur de base-ball très célèbre, nul doute qu’il a usé (abusé ?) de sa position sociale pour la séduire. Pour être crue : pour la mettre dans son lit.
Mais dans le processus, il est tombé amoureux de Marilyn. Pour elle, je le pense depuis toujours, cela n’a jamais été l’amour avec un grand A. Elle devait très certainement avoir peur de son côté macho qui devait s’exprimer violemment parfois. A l’époque, c’était monnaie courante, malheureusement. Qu’ils soient tous les deux célèbres ne changent absolument pas la donne. Les termes du divorce diront « incompatibilités ».
Pour moi, c’est l’une des raisons de son refus de se marier avec lui jusqu’à ce 14 janvier 1954. (* petit aparté en bas d’article sur les images de ce mariage).
Mais là, je vais jeter la pierre à Marilyn. Je crois que sa décision n’est pas entièrement liée à l’affection qu’elle porte à Joe.
Marilyn se sert des gens, consciemment ou inconsciemment. Joe en a fait les frais. Pour moi, elle a utilisé son mariage comme une arme publicitaire contre les studios qui l’avaient mise à l’indexe du fait de son refus de jouer dans un énième film où elle serait la blonde idiote sexy de service.
Leur voyage au Japon sera un exemple frappant de leurs différences de point de vue sur la vie de couple.
Alors que Joe pensait être LA star du déplacement puisque c’est lui que l’on a invité pour ses talents de joueur, il se retrouve face à l’immense popularité de sa femme. Horreur pour un macho comme lui ! En plus, Marilyn enfonce le clou de sa supériorité populaire avec son spectacle sur le front coréen.
Je n’imagine même pas les engueulades.
Je rajoute une couche avec l’ambition de Marilyn : celle d’être une grande actrice. Elle est alors en contact récurrent avec Milton Greene qui partage ses aspirations. Nul doute que Joe n’apprécie pas ce rapprochement ainsi que les envies de sa femme de vouloir continuer son métier, ultra exposé.
Parce que, même si c’est une photo de pin-up qui lui a tapé dans l’oeil, Joe ne supporte pas qu’elle continue à l’être. « Sexy mais rien que pour moi », devait-il se dire. La femme comme trophée. La fameuse scène de la robe s’envolant au-dessus d’une bouche de métro sous l’oeil de Joe fit les choux gras de la presse pour la dispute qui s’en suivi. La séparation est actée seulement quelques jours plus tard.
L’un des aspects qui m’horripilent le plus chez Joe, c’est sa faculté à laisser Marilyn devant les caméras même au pire moment.
Certes, il n’aime pas se mettre en avant… mais cela dépend de la situation. Quand le sujet est sa personne, cela ne le dérange pas. Mais devoir être le faire valoir de Marilyn, cela ne passe pas. Macho un jour, macho toujours.
Je le trouve extrêmement lâche de la laisser se dépatouiller avec la presse lors de leur séparation. Il y a dans cet acte quelque chose d’ignoble.
D’ailleurs, je retrouve ce fait lorsqu’elle sort du Columbia presbytorian hospital assaillit par les journalistes, en mars 1961.
Dans cette histoire, Joe est mis en valeur (à juste titre) lorsqu’il prendra la décision de déplacer Marilyn dans cet hôpital plus appropriée à son état. Il fut le seul à prendre en compte la détresse de Marilyn à se retrouver dans un établissement psychiatrique.
Mais, il n’est pas avec elle à la sortie. Où est-il ? Pourquoi n’est-il pas présent pour la soutenir dans cette dure épreuve ? Quand on voit les images, elle est fragile. Elle est dans la fosse aux lions. Que fait le « preux chevalier » ? Peut-être ne pouvait-il pas être présent, tout simplement…
Quelques jours plus tard, Marilyn le retrouve en Floride. Plusieurs photos seront prises durant ce séjour ensemble.
Par la suite, Marilyn assiste à de nombreux évènements, de déplacements… Joe n’est pas avec elle.
Cependant, ils apparaissent ensemble au Yankee Stadium en avril 1961. Tient, là c’est ok pour être vu avec Marilyn.
Début 1962, Marilyn le retrouve à nouveau en Floride. Joe est là pour le base-ball. Marilyn se laisse prendre en photos pour un reportage. Joe y accorde aussi du temps. Ils se quitteront avec un baiser lors de son départ en février 1962 pour le Mexique.
J’ajoute qu’il est amusant de voir sur les clichés que Joe semble croire à un renouveau de leur amour, tandis que Marilyn semble être plus distante.
A mon avis, Joe n’est absolument pas la priorité de Marilyn. Il est un ami parmi d’autres.
Un autre truc concernant Joe envers Marilyn m’horripile éperdument.
Dans la presse de l’époque en 1954, Joe appelle très souvent Marilyn : « the girl ». C’est totalement humiliant, déshumanisant. Elle est juste « la fille », tout comme son personnage dans « Sept ans de réflexion ». Dans le film, elle symbolise un fantasme d’où l’absence de nom. Certainement, c’est ce qu’elle était pour Joe DiMaggio.
Enfin, je n’apprécie pas le fait qu’il se soit octroyé le droit de diriger ses funérailles en interdisant à ses amis hollywoodiens de lui rendre hommage, ainsi qu’à d’autres. Là encore, Marilyn est SA chose.
Vous l’aurez compris, je n’apprécie pas cet homme.
Derrière son amour pour Marilyn, il ne la respectait pas en tant que personne et surtout en tant que femme.
Marilyn, elle-même disait qu’ils étaient meilleurs, amis qu’en couple. Elle avait compris que tant qu’il la désirait, il laissait penser qu’il la respectait. Cette situation lui convenait parfaitement.
Quand il revient dans sa vie en 1961, avait-il changé de point de vue sur son indépendance ? sur sa volonté de s’impliquer dans son métier pour devenir la meilleure ?
Que pensait-il des nouvelles relations amoureuses de Marilyn ? Se sentait-il trahi ? Espérait-il ? Quelle relation auraient-ils pu développer avec le temps ?
Je vais tout de même lui reconnaître une chose importante : il n’a jamais étalé sa vie avec Marilyn après sa mort. Vu son aversion des médias, cela paraît logique.
Pour conclure, une question me taraude : pourquoi a-t-il arrêté de fleurir sa tombe au bout de 20 ans ?
(*) Le mariage du 14 janvier 1954.
Lorsque je regarde ces images, je suis toujours frappée par la gêne discrète que Marilyn semble ressentir. Elle se prête aux jeux des photographes mais…
J’ai l’impression qu’elle en veut à Joe d’exposer ainsi leur intimité. Lui paraît plus que réjoui de se laisser filmer sous toutes les coutures mais pas vraiment elle. L’épisode du baiser à pleine bouche devant les journalistes est frappant. Elle est surprise, elle jette des regards gênés. Impuissante face à ce qui se passe. Il y a comme un malaise dissimulé par Marilyn. Que pense-t-elle à ce moment là ?
Pour ma part, j’ai la sensation qu’elle se dit : « dans quoi je me suis embarquée ? » ou encore « j’ai peut-être fait une connerie en lui disant oui ».
Crazy for Marilyn 